Histoire clinique




Histoire clinique
Le parcours d'un patient




Cas clinique : Monsieur Francis V.

Ce patient est actuellement âgé de 48 ans. Les premières consommations épisodiques d’alcool remontent à l’adolescence, vers 17-18 ans. Jusqu’à la fin de ses études supérieures ses relations avec l’alcool sont paisibles et contrôlées, principalement sociales, un peu festives, et n’appellent guère de remarques. Dès le début de sa vie professionnelle, il éprouve quelques difficultés. Il se sent un peu anxieux lorsqu’il doit s’exprimer en public, il éprouve des difficultés à se montrer aussi à l’aise que le sont ses collègues et concurrents dans les relations avec les clients de l’entreprise. Dans sa vie personnelle, il se dit timide et réservé, éprouvant du mal à « aller vers les gens, à se mettre en valeur, à séduire, comme il l’aurait souhaité. Il se marie à 27 ans. Mariage sans histoires les premières années. Le couple aura deux enfants, actuellement âgés de 16 et 18 ans. La consommation d’alcool, dans un contexte professionnel, tend vers l’âge de 30-32 ans à devenir régulière. Il en remarque progressivement l’effet apaisant (anxiolytique) et désinhibiteur. Par la suite, il n’attend plus les circonstances (repas, « verres » pris dans des occasions diverses) pour retrouver cet effet psychotrope de l’alcool : il le recherche délibérément par l’absorption de bière ou de vin selon les circonstances, voire des petites doses d’alcool fort. Dans ce dernier cas, la consommation reste soigneusement cachée. La carrière au sein de l’entreprise se déroule plutôt bien. Petit à petit la consommation augmente, et les prises sont de plus en plus fréquentes. Elles débordent le cadre professionnel pour se produire de plus en plus souvent le week-end. Cela ne pose cependant aucun problème pendant plusieurs années, jusqu’à ce que sa femme s’inquiète de la consommation croissante de son mari ; elle lui en fait la remarque, sans succès. Plus tard, elle remarque l’état d’hébétude dans lequel son mari se trouve souvent le soir, et son désintérêt croissant pour les activités familiales, sportives, culturelles. Elle lui en parle de nouveau à plusieurs reprises, ce qui irrite l’intéressé. La vie de couple s’en ressent fortement. Les quasi-ivresses vespérales deviennent fréquentes, et s’accompagnent d’attitudes agressives, parfois violentes. La position professionnelle se dégrade. Monsieur V. consulte pour la première fois sous la pression de sa femme qui commence à parler de séparation s’il ne se soigne pas.